Soins psychiques
L’arrêté du 10 mars 2021, pris dans la hâte des circonstances de la pandémie et sans consultation des représentants de la profession, relatif à la définition de l'expertise spécifique des psychologues vient directement mettre à mal nos missions dans nos institutions de soin.
Visant à réduire la diversité des pratiques cliniques du psychologue au seul référent cognitivo-comportemental, cet arrêté menace gravement la possibilité pour les psychologues de s'originer de la psychanalyse. Généraliser un modèle exclusif et orienté vers une seule pratique pour l'imposer à la pédopsychiatrie et aux structures médico-sociales est le risque majeur que pose cet arrêté. Le mépris pour les associations et organes de représentation des professionnels se fait sentir dans une vision réductrice et neurodéveloppementale exclusive. Le sujet humain est réduit à son seul fonctionnement neuronal sans tenir compte de son histoire, de sa filiation, de sa culture et de sa responsabilité.
Ainsi les principes fondamentaux des valeurs de l'État : service de l'intérêt général, neutralité, continuité et généralité signifiant que l'État sert tous les citoyens dans le cadre de la loi, sans discrimination, ne sont plus respectés.
Par leur réflexion et leur pratique cliniques, les différents établissements de l'association CEREP-PHYMENTIN offrent des espaces de soins respectueux de la croissance et de la maturation psychique des enfants et des adolescents en souffrance ; la proposition de soins s'appuyant par ailleurs toujours sur la participation et l'engagement des parents. Si la référence à la psychanalyse et à la psychopathologie est clairement assumée dans nos institutions, soulignons également que la prise en compte des avancées des neurosciences est une ouverture jamais rejetée en matière d'autisme particulièrement : « Seule l'exclusion est à exclure » Bernard GOLSE, président de l'association.
Comme les autres salariés de l'association, les psychologues cliniciens sont porteurs de ces valeurs humaines et sont garants de cet engagement s'appuyant sur la relation intersubjective de l'être humain.
Nombre de professionnels, psychologues, pédopsychiatres, psychanalystes se sont mobilisés pour que l'arrêté du 10 mars 2021 soit abrogé. L’exercice des psychologues doit rester pluriel tant dans les choix de leur clinique que dans leurs choix théoriques afin que les soins apportés à nos patients gardent visage humain.
Ceci ne pourra se faire sans notre entière mobilisation à tous, psychologues, équipes de soins et administratifs des institutions soignantes.
Martine Paucher, Marie Lalle et Christine Babut, psychologues consultantes au Cofi-CMP
le 27 mai 2021